L‘Essentiel de l’Économie et de l’Immobilier

Vendredi 22 mars 2024

DÉVELOPPEMENT DURABLE

OFCE – La Ville Compacte, une solution aux émissions de gaz à effet de serre – publié en mars 2024

Le logement et la mobilité des individus représentent plus de 50 % de l’empreinte carbone des ménages et constituent donc deux enjeux majeurs pour réduire l’impact environnemental des populations. Les travaux de recherche menés par l’OFCE portent ainsi sur les modèles urbains permettant la plus grande sobriété. Il apparaît rationnellement logique que la ville compacte réponde à ces enjeux puisqu’en regroupant activités et résidents, elle réduit a priori les distances, facilite un usage optimisé et rentable des transports en commun, fournit des services de proximité et permet une réduction de nombreux coûts (entretiens, réseaux…).

Cependant, les auteurs soulignent que les approches empiriques ne délivrent que des résultats mitigés, l’effet identifié entre plus grande densité et moindres déplacements semble faible, et ce notamment parce que la densité de population, indicateur généralement retenu, ne peut pas suffire pour décrire la forme urbaine et la structure des villes et parce que le lien dépend également des biais de sélection des individus (arbitrage entre les modes de déplacement, choix du lieu de résidences).

Pour aller au bout de l’évaluation de la compacité d’une ville, il faut selon les auteurs prendre en compte une pluralité de facteurs : la distribution spatiale des habitants, celle des emplois et des différents services (écoles, commerces de proximité), les modalités de transport offertes en chaque point du territoire en intégrant également leurs contraintes, les conséquences pour la santé, les îlots de chaleurs… Face à la difficulté à quantifier le phénomène, les auteurs proposent une approche différente par une modélisation pour expliquer l’articulation entre les distributions spatiales des habitants, des emplois et des aménités, en tenant compte de la géographie et des infrastructures de transport. La modélisation proposée repose sur 4 étapes : 1/ génération du nombre de trajets en partance de chaque origine et des trajets qui arrivent à chaque destination ; 2/ distribution des trajets sur l’ensemble des paires origine-destination ; 2/ distribution des trajets par paires origine-destination ; 3/ définition du choix modal de chacun des trajets et 4/ définition du tracé du trajet.

L’étude s’appuie sur l’enquête Mobilité des Personnes réalisée par l’INSEE en 2019, en considérant les déplacements comme des boucles pouvant avoir plusieurs objectifs, et en retenant 4 grandes catégories de motifs de déplacement : le travail, les études, les courses et les autres motifs, hiérarchisés en fonction de leur caractère impératif. Le modèle a ensuite été projeté sur l’agglomération de la Rochelle : plus on s’éloigne des zones urbanisées plus le nombre de kilomètres parcourus annuellement par un résident augmente.

L’application révèle également que les classes moyennes émettent plus de CO2 en moyenne parce qu’elles vivent plus loin de l’emploi dans des zones moins denses et dont le prix de l’immobilier résidentiel est le plus bas ; à l’inverse, les émissions de CO2 liée à la mobilité professionnelle quotidienne diminuent avec le revenu sur la partie haute de la distribution des revenus.

À partir de ces résultats, l’étude projette plusieurs scénarios de densification sur le territoire pour en analyser les conséquences sur les kilomètres effectués en voiture par les navetteurs : les auteurs intègrent au modèle un « choc » démographique correspondant à l’ajout de 100 actifs (sur près de 92 000 déjà présents) afin d’observer comment le territoire « absorbe » ces 100 nouveaux navetteurs en fonction de l’IRIS où ils s’installent. Les résultats présentés sous forme cartographique (voir ci-dessous) démontrent que le nombre de kilomètres parcourus en voiture sur le territoire varie selon l’endroit où se produit la densification. L’étude conclut que « l’élasticité du nombre de kilomètres sur la population totale (soit le ratio de la variation du nombre de kilomètres rapportée à l’ampleur du choc démographique) est négative au cœur de l’aire urbaine, dans le centre de la Rochelle, et devient positive à mesure qu’on s’en éloigne »Il y a bien une corrélation entre forte densité urbaine et diminution des kilomètres parcourus en voiture et donc une réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Elasticité de kilomètres parcourus en voiture sur la population totale de la Rochelle pour 100 nouveaux navetteurs dans l’IRIS

Elasticité de km voiture sur la population totale pour 100 nouveaux navetteurs dans l'IRIS

Synthèse rédigée par Lina Mounir,
Analyste senior,
Pôle marchés immobiliers

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