L‘Essentiel de l’Économie et de l’Immobilier

Vendredi 12 mai 2023

Développement durable

France Stratégie – Les coûts d’abattement

Dans cette étude, le département Etudes et Recherche de Knight Frank dresse le bilan de l’année 2022 et livre ses perspectives pour 2023. Dans cette synthèse, les évolutions des marchés des bureaux et des commerces seront développées, dont les principales conclusions sont les suivantes :

La commission Quinet(1)  fait le constat en février 2019 de la nécessité « de poser un cadre méthodologique clair et partagé pour pouvoir évaluer le coût d’abattement(2) socioéconomique des différentes actions engagées pour le climat ». Pour y répondre, la commission sur les coûts d’abattement évalue les coûts de la réduction des émissions de gaz à effet de serre en France pour 5 secteurs stratégiques : transports, électricité, hydrogène, industrie et résidentiel. Le secteur agricole sera traité ultérieurement. La notion de coût d’abattement socioéconomique permet de hiérarchiser les actions de décarbonation et d’identifier celles susceptibles de maximiser les réductions effectives d’émissions de gaz à effet de serre.

Concernant le bâtiment résidentiel, la commission établit un constat alarmant : ainsi, le secteur résidentiel-tertiaire représente 44 % de la consommation totale d’énergie finale en France et 17 % des émissions territoriales de gaz à effet de serre dont près des deux tiers uniquement pour le résidentiel. 5,2 millions de logements, soit 17 % des résidences principales, sont identifiés comme des passoires thermiques (aux étiquettes DPE : F et G). La Stratégie nationale bas carbone (SNBC) 2020 fixe, pour 2030, un objectif de réduction des émissions du résidentiel-tertiaire de près de 50 % par rapport à 2015 et la décarbonation quasi complète à l’horizon 2050.

Emissions de GES du résidentiel et du tertiaire en France (en MtCO2eq)

Source : AEE, 2021 ; cité dans SDES (2022)

  • Des actifs énergivores relativement concentrés : 20 % des logements représentent 50 % des émissions. Parmi ces logements les plus émetteurs, seulement 20 % sont identifiés comme des passoires thermiques (logements F & G).

Le rapport identifie différents freins à l’investissement à la rénovation : les difficultés de coordination dans les copropriétés, le manque d’incitation des propriétaires bailleurs, ou encore les crédits trop élevés pour certains ménages. De plus, l’hétérogénéité des parcs de bâtiments (collectifs, individuels, ancienneté des immeubles, modes de chauffage) et la grande diversité des acteurs impliqués concernent l’ensemble du parc résidentiel complexifient également la mise en œuvre des actions.

Les priorités d’action devraient selon le rapport d’abord concerner la rénovation des logements occupés par des ménages en situation de précarité en raison des bénéfices attendus pour la santé.

  • Des objectifs ambitieux et peu rentables. Les coûts d’abattement d’une rénovation varient fortement suivant les typologies de logement. De la même façon, le coût des actions de sobriété est difficile à évaluer et représenterait dans le meilleur cas, une réduction de 20 % à 30 % des émissions. Selon les estimations, seules un peu plus de 5 % des rénovations complètes (vers un niveau BBC) apparaissent aujourd’hui socioéconomiquement rentables, indépendamment de l’enjeu climatique (c’est-à-dire sans prise en compte d’une valeur du carbone) : il s’agit essentiellement de rénovations de passoires thermiques qui représentent un potentiel d’abattement d’environ 5 %.

Le rapport préconise de prioriser ensuite la rénovation des logements chauffés au fioul ainsi que les logements F et G chauffés au gaz : avec un objectif ambitieux de faire évoluer 5,8 millions de logements vers l’étiquette B à horizon 2025 et 12 millions pour 2030.

Le rapport souligne enfin que deux incertitudes demeurent cependant : d’une part la capacité des vecteurs décarbonés à répondre à une demande croissante (en particulier lors des pointes hivernales) et d’autre part sur les coûts et la performance réelle des travaux de rénovation.

[1] Commission présidée par Alain Quinet dont les travaux ont conduit à la production d’un rapport « La valeur de l’action pour le climat » publié en février 2019
[2] Les coûts d’abattement correspondent aux coûts rapportés aux émissions évitées : le calcul du coût associé à la réduction de chaque tonne de CO2-équivalent d’émissions, exprimé en €/tCO2eq est appelé coût d’abattement d’une action de décarbonation.

Synthèse rédigée par Charles-Henri de Marignan
Analyste senior, MRICS
Pôle marchés immobiliers

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